Depuis plus de 40 ans, Régis Blin consacre sa vie à l'étude et à la diffusion de l'énergétique traditionnelle chinoise. Élève de Jacques Pialoux en acupuncture et de Jean Pierre Guiliani en ostéopathie, il est aussi directeur d'enseignement de la SFERE (Société Française d'Etude et de Recherche en Energétique) l'une des plus grandes écoles de médecine chinoise classique et la plus ancienne en Europe. Il a aussi fait de très nombreux travaux pour relier dans une thérapeutique unique ces deux approches de la santé: l'acupuncture et l'ostéopathie.
Les techniques qu'il a mises au point ont pu être expérimentées et validées par des centaines de praticiens sur tout le continent européen: en France, bien entendu, mais aussi en Russie, en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Suisse, en Italie, etc.
Régis Blin a élaboré la théorie fondamentale exposée dans ce manuel à partir des textes anciens et des grands Classiques de la tradition chinoise, du Yi Jing en particulier. Elle permet aux thérapeutes de développer une intelligence des mains et du cœur au service de la grande Intelligence qui relie tous les êtres vivants.
A partir de cette théorie unitaire de l'énergétique, on pourra utiliser avec une même logique toutes les résonances et les liens que relient les structures des systèmes énergétiques, organiques, osseux et musculaires. En effet, deux types de relations existent entre les différents composants du corps humain: un lien de conduction et un lien de résonance. Le lien de conduction est le mieux connu. Il est associé aux trajets nerveux, vasculaires ou énergétiques qui relient certaines parties du corps humain entre elles. Ce phénomène de conduction est couramment utilisé en acupuncture, par exemple, lorsque l'on stimule un point d'acupuncture pour agir sur un organe, une zone de peau, un trajet musculaire ou une articulation: un trajet énergétique (Jing Luo) relie le point stimulé et la structure physique traitée. De même, la conduction est à l'œuvre dans la relation établie entre une zone réflexe et un organe, un membre, etc. par l'intermédiaire du système nerveux, relation utilisée en auriculothérapie, en réflexologie plantaire, en acupuncture de la tête (Tou Pi Zhen), etc.
Le système de résonance qui structure le corps humain, est lui, moins bien connu, bien qu'il soit mentionné dans les textes anciens, par exemple au chapitre 6 du Huai Nan Zi, qui l'appelle ganying 感應. Ce lien de résonance relie entre elles des structures qui ne sont a priori reliées par aucun trajet physique (nerveux ou vasculaire), ni énergétique (méridien). Par résonance, une articulation ou un os bloqué ou déplacé affectera directement un autre os ou une autre articulation. Par résonance toujours, il sera possible de débloquer, de remettre en mouvement un os en s'aidant d'un os correspondant, à l'aide d'une technique très simple. Ainsi, une cheville blessée avec une astragale bloquée, par exemple, affectera la première cervicale, qui aura tendance à se mettre en lésion de manière récurrente, affectant le sommeil de la personne, provoquant des migraines, des vertiges, etc. Dans ce cas, se contenter de "faire craquer" la première cervicale ne résoudra rien. Il faudra remonter à l'origine du problème en s'aidant des liens de résonance pour débloquer l'astragale, lui rendre un mouvement énergétique correct, c'est-à-dire son mouvement vital fondamental (pulsation yin et yang, ou mouvement de respiration tissulaire, d'ouverture et de repli de l'énergie). Ceci fait, la correction de la première cervicale pourra enfin intervenir de manière durable.
De même, chaque os crânien est en résonance avec une phalange: en cas de blocage du temporal, par exemple, avec vertiges, acouphènes ou perte d'audition, migraines, etc., on pourra dans un premier temps diagnostiquer ce blocage en palpant la phalange correspondante, puis s'aider de cette phalange pour rétablir le mouvement énergétique du temporal.
Ce même principe de résonance régit les relations entre toutes les structures physiques et énergétiques du corps humains: os, muscles, organes, mais aussi les points et les méridiens d'acupuncture, les merveilleux vaisseaux, etc. Reprenons l'exemple du temporal: en médecine chinoise, les problèmes de perte d'équilibre, d'acouphène ou de perte d'audition sont liés à l'énergie du rein. Or, le temporal est en résonance énergétique avec le rein. Anatomiquement, un blocage du temporal affecte l'oreille interne. Le traitement consistera alors à rééquilibrer l'énergie du rein (acupuncture, pharmacopée, etc.), puis à rendre son mouvement vital au temporal afin de soulager les problèmes d'équilibre ou d'acouphènes.
C'est l'analyse du Yi Jing et la poursuite des travaux de Jacques Pialoux qui ont permis à Régis Blin de découvrir, puis de décrypter ce système de résonance du corps humain. Quant à la technique de diagnostic et de traitement qu'il utilise, elle fait également appel aux textes classiques. Ainsi, le chapitre 8 du Lingshu indique: "Toutes les techniques de puncture doivent prendre racine dans l'esprit" (凡刺之法,先必本于神) . De même, au chapitre 25 du Neijing: "Pour une puncture correcte, il convient d'abord de concentrer son esprit" (凡刺之真,必先治神) ; et le chapitre 4 du Lingshu: "Lorsqu'en palpant un méridien le médecin peut comprendre la maladie, cela s'appelle le Shen (esprit)" (按其脉,知其病,命曰神). Cette qualité de l'esprit que les textes anciens nomment Shen est ce qui relie le praticien et le patient; c'est aussi ce qui permet au praticien de ressentir et de guider l'énergie du patient: Le Neijing appelle cela Xin Fa. Il s'agit d'une technique simple, aisément accessible, mais qui, comme toute technique thérapeutique, demande un minimum de pratique.
C'est une technique extrêmement douce, parfaitement respectueuse du patient. En effet, les temps ont changé et nos patients ne sont plus les féroces guerriers ni les robustes paysans de l'antiquité chinoise! Ces parfaits exemples de constitution Tai Yang ou Yang Ming évoluaient dans un monde où seuls les plus forts survivaient jusqu'à l'âge adulte. Or, le mode de vie actuel et l'évolution de nos sociétés font que la majorité des patients sont actuellement extrêmement sensibles et fragiles: Tai Yin dans le meilleur des cas, mais bien plus souvent Shao Yin, voire Jue Yin! Il est donc intéressant de leur proposer des techniques de soin qui respectent leur constitution et permettent de travailler aussi bien sur leur énergie que sur leur corps sans créer d'inflammation, sans agresser les tissus et surtout, sans aggraver les vides d'énergie existants.
Quant au praticien, il ne faudrait surtout pas qu'en traitant des patients, il s'épuise lui-même – question de bon sens! Or cette technique permet au thérapeute de ne jamais subir de déperdition d'énergie, puisque sa seule intervention consiste à lever les blocages énergétiques du patient, à libérer ses tissus en reconnectant les circuits énergétiques du patient, permettant par là-même à celui-ci de fabriquer à nouveau une énergie correcte.
Régis Blin nous propose donc une approche inédite de la médecine chinoise, mais ancrée dans les Classiques. A ceux qui s'étonneraient de voir un Français proposer de nouvelles pistes en médecine chinoise, rappelons que c'est justement sa portée universelle qui fait toute la valeur de cette médecine. Bien que solidement enracinée dans la civilisation chinoise classique, la médecine chinoise n'est pas une tradition surannée, désuète, ni moribonde. C'est une médecine vivante, qui grandit, évolue et s'enrichit des apports des chercheurs chinois modernes, mais aussi de ceux d'autres sciences et d'autres peuples, pour le plus grand bien des patients.